Contact : Andrea QUEJUAN B.
Courtier Spécialiste de la
Signature Lagrange
Textes : Bérengère Lepine
Historienne de l'art
Traductions à l'espagnol : Andrea Quejuan B.
Les Protecteurs/ Los Protectores
1988-1995
Huile et soie en tissu et papier sur toile de lin
signée en bas à gauche 22 x 16 cm
Provenance : Atelier de l'artiste
Collection particulière, Paris
Les Protecteurs de Maria Lagrange semble figurer parmi les tableaux les plus descriptifs et immédiatement accessibles de sa série : La Divine Comédie. Nous voyons deux corps célestes, revêtus de blanc, dans un ciel rehaussé d’éclats bleu-turquoises planant par-dessus une terre verte luxuriante et des montagnes aux couleurs ocre découpées par le torrent. A gauche figure un personnage allongé et habillé en vert.
Au premier regard, cette scène semble dépeindre très simplement le Purgatoire tel qu’il est chanté par Dante. Les figures blanches apparaissent comme des anges qui veillent sur le poète pendant son voyage à travers ce deuxième royaume…
Cependant, Lagrange nous invite, à travers sa technique de figuration graduelle, à dépasser le récit immédiat de la scène afin de pénétrer le sens profond du tableau. Nous réalisons ainsi que ce corps céleste symbolise les vols de la mort – opération monstrueuse par laquelle le régime dictatorial de l’Argentine s’est débarrassé de nombreux opposants – tandis que le personnage à gauche personnifie la mémoire de la justice. Cet acte funeste de disparition réapparaît sous les traits – ironiques – d’un corps angélique « protecteur », exprimant par là toute l’hypocrisie et le mensonge incarnés par la dictature.
Il est intéressant de constater le traitement spatial de la composition. Les deux figures blanches occupent l’espace des deux tiers du tableau mais semblent démesurément grands par rapport à la terre auquel se rattache le personnage en vert. Inspirée par la peinture chinoise, Lagrange déploie deux perspectives différentes pour distinguer la sphère des vols de la mort de celle de la justice. Et pourtant ces deux sphères s’interpénètrent et semblent entrer dans un dialogue comme pour exprimer l’espoir qu’une justice plénière soit un jour rendu.
Los protectores
1988-1995
Oleo y seda en tela y papel, sobre tela de lino.
Firmado abajo a la izquierda
22 x 16 cm
Procedencia: El taller del Artista
Colección privada, París
Los protectores de Maria Lagrange parecen figurar entre los cuadros más descriptivos e inmediatamente accesibles de su serie: La Divina Comedia. Vemos dos cuerpos celestes, revestidos de blanco, en un cielo realzado por fragmentos de azules-turquesa, planeando por encima de una tierra verde lujuriosa y montañas en color ocre, recortadas por un torrente. A la izquierda, figura un personaje recostado y vestido en verde.
A primera vista, esta escena parece describir simplemente el Purgatorio tal cual como lo cantaba el Dante. Las figuras blancas aparecen como ángeles que velan encima del poeta durante su viaje a través del segundo reino…
Sin embargo, Lagrange nos invita, a través de su técnica de la Figuración Gradual a sobrepasar el relato inmediato de la escena, con el fin de penetrar en el sentido profundo del cuadro. Nos damos cuenta, que este cuerpo celeste simboliza “los vuelos de la muerte” –operación monstruosa en la cual el régimen dictatorial de la Argentina se deshacía de numerosos opositores-, mientras que la figura que se encuentra a la izquierda, personifica la memoria de la justicia. Este acto funesto de la desaparición, reaparece sobre los trazos–irónicamente- de un cuerpo angelical “protector”, expresando allí toda la hipocresía y la mentira encarnada por la dictadura.
Es interesante constatar el tratamiento espacial de la composición. Las dos figuras blancas ocupan el espacio de dos tercios del cuadro, parece desproporcionadamente grande en relación con la tierra a la que pertenece el personaje en verde. Inspirada por
la pintura china, Lagrange despliega dos perspectivas diferentes para distinguir la esfera de “los vuelos de la muerte” de la de la justicia. Y sin embrago, estas dos esferas se interpenetran y parecen entrar en un dialogo para expresar la esperanza que algún día regrese la justicia plenaria.
Les danseurs d'Oriente / Los Bailarines de Oriente
Les danseurs d’Orient
1988-1995
Huile et soie en tissu et papier sur toile de lin signée en bas à droite
22 x 16 cm
Provenance : Atelier de l'artiste
Collection particulière, Paris
«L’agréable couleur du saphir d’Orient
Qui baignait de l’azur la pureté sereine
Limpide jusqu’aux bords du lointain horizon.
S’offrit une autre fois à mes regards charmés,
Sitôt que je sortis de l’atmosphère morte
Qui peinait à la fois et mes yeux et mon cœur. »
Dans ce tableau, nous quittons définitivement l’horreur
de l’Enfer pour nous trouver dans un royaume plus heureux et plus gai. Du fond
gris-opale se détachent des éclats de bleu – ce saphir d’Orient, baignant la
composition d’une pureté sereine – ainsi que des rehauts de blanc et de rouge,
référence peut-être au « beau visage blanc et vermeil de l’aurore,
prenant, avec le temps, des tons de feuille morte. »
C’est au cœur de cette ambiance paisible, remplie
d’espérance, que le chant lyrique de la Divine Comédie se meut en danse. A
gauche nous distinguons un corps drapé de blanc et cintré d’une écharpe rouge
élançant deux bras bleus à droite vers un deuxième corps qui projette ses bras
blancs vers la gauche. Mais ce qui importe ici ce n’est pas tant la mise en
scène de la danse à travers des personnages, mais l’évocation de l’acte même de
la danse. Les deux corps se rejoignent au centre du tableau pour créer un
mouvement circulaire qui évoque la danse de Matisse, interrompu seulement au
sommet par ces deux paires de bras qui servent à rythmer le tempo. Les éclats de bleus et de blancs
se répondent à travers une composition diagonale, modulant ainsi la cadence
tandis que les taches rouges soulignent le mouvement circulaire afin de donner
une harmonie à l’ensemble. La danse semble se désincarner des personnages afin
de s’exprimer dans son état pur.
Los
bailarines de Oriente
1988-1995
Oleo y seda en tela y papel, sobre
tela de lino
Firmado abajo a la derecha
22 x 16 cm
Procedencia: El taller del Artista
Colección privada, París
“El
agradable color del zafiro de Oriente
Que
bañaba de azul la pureza serena
Límpido
hasta los bordes del horizonte lejano.
Se
ofreció otra vez a mis miradas encantadas,
Tan
pronto como salí de la atmosfera muerta
Que
apenaba a la vez mis ojos y mi corazón”.
En este cuadro, nos alejamos definitivamente de los
horrores del infierno para sumergirnos en un reino más feliz y alegre. Desde el
fondo gris-opalino se desprenden destellos del azul – el zafiro de Oriente, que
baña la composición de una pureza serena - así como los relieves de blanco y
rojo, referencian al "bello rostro blanco y sonrosado de la aurora, para
transformarse con el tiempo en tonos de hoja muerta".
Es en el corazón de esta atmosfera apacible, llena
de esperanza, que el canto lirico de la Divina Comedia propulsa su danza. A la
izquierda, se distingue un cuerpo revestido de blanco, cimbrado por una chalina
roja, desplegando dos brazos azules hacia la derecha de un segundo cuerpo que proyecta
sus brazos blancos hacia la izquierda. Pero lo que aquí importa, no es tanto la
puesta en escena de la danza a través de los personajes, sino la evocación del
acto mismo de bailar. Los dos cuerpos se reúnen en el centro del cuadro para
crear un movimiento circular, recordándonos la danza de Matisse, interrumpido
solamente en la cúspide por estos dos pares de brazos que sirven para marcar el
tempo. Los destellos azules y blancos, se replican a través de una composición
diagonal modulando así la cadencia, mientras que las manchas rojas, marcan el
movimiento circular con el fin de darle una armonía al conjunto. La danza
parece desencarnarse de los personajes para expresarse en su estado más puro.
L'arrivée de la victoire / La llegada de la victoria
1988-1995
Huile, soie en tissu et papier sur toile
de lin
signée en bas à droite
22 x 16 cm
Provenance : Atelier de l'artiste
Collection particulière, Paris
En haut à gauche, revêtue de tons oranges rosés, figure
un personnage suspendu dans les airs, brandissant un drapeau rouge et blanc
duquel semble se dégager un éclat de lumière. Par sa posture et ses attributs
ce personnage évoque la figure de la Liberté du célèbre tableau : La Liberté Guidant le Peuple, exécuté
par Delacroix en 1830 à la suite des Trois Glorieuses. De cette allusion
découle le sens iconographique de ce personnage central.
Personnifiant la Victoire, cette figure proclame
l’arrivée de la République et promet ainsi une période de sérénité après la
funeste descente aux enfers dictée par la junte militaire argentine. Ce temps
de grâce est affiché d’une part, par la gaieté des couleurs vertes, oranges,
roses et bleus qui animent le tableau et d’autre part, à travers le mouvement
circulaire des figures blanches. Les lignes courbes et amples qui dessinent ce
groupe, la fluidité des gestes qui n’effacent cependant pas le dynamisme et la
cadence du mouvement ajoutent ainsi une touche d’allégresse à la scène.
Les danseurs tournent autour de la Victoire qui semble
mener le rythme du mouvement. Quelque part, c’est comme si la victoire émanait du
sein du peuple, trouvant son origine au cœur même de cette union et de cette
harmonie parfaites.
La llegada de la Victoria
1988-1995
Oleo, Seda en tela y papel, sobre
tela de lino.
Firmado abajo a la derecha
22 x 16 cm
Procedencia: El taller del Artista
Colección privada, París
Arriba
a la izquierda, revestida en tonos naranja rosados, figura un personaje
suspendido en el aire, agitando una bandera roja y blanca, el cual parece
liberar una explosión de luz. Por la postura y sus atributos, este personaje
evoca la figura de La Libertad, célebre cuadro: La Libertad Guiando al Pueblo,
pintado por Delacroix en 1830, como consecuencia de “Los Tres
Gloriosos”(Revolución de julio). De esta alusión deriva el significado
iconográfico de este personaje central.
Personificando
la Victoria, este personaje proclama la llegada de La República y promete así
un periodo de serenidad tras el fatal descenso a los infiernos dictado por la
junta militar argentina. Este tiempo de gracia, está revelado de una parte, por
de la alegría de los colores verdes, naranja, rosado y azul que animan el
cuadro y por otra parte, a través del movimiento circular de las figuras en
blanco. Las líneas curvas y amplias que dibujan este grupo, la fluidez de
gestos que sin embargo no desvanecen el dinamismo y la cadencia del movimiento,
agregan también un toque de exaltación a la escena.
Los
bailarines giran alrededor de la Victoria que parece ser quien conduce el ritmo
del movimiento. De alguna manera, es como si la victoria emanara del seno del
pueblo, encontrando su origen en el corazón mismo de esta unión y de esta
armonía perfecta.
Le combat de la mère / El combate de la madre
Le combat de la mère
1988-1995
Huile,
pastel, glacis et soie en tissu et papier sur toile de lin
signée
en bas à droite
26
x 35 cm
Provenance
: Atelier de l'artiste
Collection
particulière, Paris
Dans un ciel enflammé de pourpre, nous voyons à
droite du tableau quatre visages de femmes drapées d’un voile blanc. Il s’agit
ici d’une représentation allégorique des quatorze Mères de la place de Mai -
ces mères argentines dont les enfants ont « disparu » - qui, depuis le 30 avril
1977, se rencontrent sur la Plaza de Mayo en face de la Casa Rosada pour se
battre contre la violation des droits humains. Les foulards blancs qu’elles
portent sont à la foi le symbole des langes en tissu de leurs bébés assassinés
et un signe de leur protestation non-violente. A gauche figure le profil d’un
homme drapé de voiles blancs également, mais qui sont entachés de noir, symbole
du régime dictatorial avec tout ce que celui-ci incarne de plus sombre. Ainsi
s’oppose l’amour maternel à l’inhumanité dictatoriale, l’innocence au mal, la
douceur à la violence.
La matière du tableau joue un rôle central. Les
zones de glacis se juxtaposent aux parties où la peinture, finement appliquée,
laisse transparaitre la toile. Le tissu de soie, toujours présent dans les
tableaux qui composent la série de la Divine Comédie, prend ici un relief
particulier et s’ajoute à la toile pour doter le tableau d’une sensation
tactile. La matière est omniprésente et fait appel à la présence charnelle de
ces enfants « disparus », refusant ainsi la simple acceptation de leur
immatérialité.
Un espace diagonale sépare ces deux figures.
Aucune rencontre ; aucun échange, ni même dans les regards. Les mères se
tournent vers le spectateur, tandis que la figure de l’Etat affirme son pouvoir
en abaissant son regard vers les mères. Il semblerait qu’un abime
infranchissable se soit creusé entre ces deux entités, bloquant toute tentative
de dialogue.
Et pourtant… Ce visage maternel et immaculé
évoque la figure de la Vierge Marie qui, dans le XXXIIIe chant de Dante, est «
le flambeau de la charité […], la vraie fontaine d’espérance. » C’est de cette
Dame que Dante écrit : « Tu es si grande, et si grand est ton pouvoir […] Ta
bonté non-seulement secourt qui demande, mais d’elle-même, souvent, elle
prévient le demander. »
De fait, cette espérance et ce pouvoir
surnaturels animent le combat de ces Mères de la place de Mai.
El combate de la madre
1988-1995
Óleo, seda en tela y papel, pastel,
glacis, sobre tela de lino.
Firmado abajo a la derecha
26 x 35 cm
Procedencia: El taller del Artista
Colección privada, París
En
un cielo púrpura encendido, vemos a la derecha del cuadro, cuatro rostros de
mujeres envueltas en un velo blanco. Esta es una representación alegórica de
las catorce Madres de Plaza de Mayo – las madres argentinas cuyos hijos
“desaparecidos” – que, desde el 30 de abril de 1977, se reúnen en la Plaza de
mayo frente a la Casa Rosada para luchar contra la violación de los derechos
humanos. El velo blanco que ellas portan son a la vez, el símbolo de los
pañales de tela de sus bebes asesinados y el signo de su protesta no-violenta.
A la izquierda, figura el perfil de un hombre envuelto igualmente en velos
blancos, pero está manchado de negro, símbolo del régimen dictatorial con todo
lo que encarna de más oscuro. De esta manera se opone el amor maternal al
dictador inhumano, la inocencia al mal, la dulzura a la violencia.
La
materia del cuadro juega un papel central. Las aéreas del glacis se yuxtaponen
a las partes donde la pintura, finamente aplicada, transluce el lienzo. La tela
de seda, siempre presente en los cuadros que componen la serie de la Divina
Comedia, aquí toma un relieve particular y se suma a la tela de lino para dotar
al cuadro de una sensación táctil. La materia es omnipresente e interpela
rememorando la presencia carnal de esos hijos “desaparecidos”, negando así la
mera aceptación de su inmaterialidad.
Un
espacio en diagonal separa esas dos figuras. No hay ningún encuentro, ningún
intercambio, ni siquiera en sus miradas. Las madres están mirando hacia el
espectador, mientras que la figura del Estado afirma su poder bajando la mirada
hacia las madres. Pareciera que un abismo infranqueable se ha cavado entre
estas dos entidades, bloqueando cualquier intento de dialogo.
Y
sin embargo…ese rostro maternal e inmaculado evoca la figura de la Virgen María
que, en el canto XXXIII de Dante, es “la antorcha de la caridad […], la
verdadera fuente de la esperanza.” Es a partir de esa Dama que Dante escribe:
“Tu eres grande y grande es tu poder […] tu bondad no solo socorre al que pide,
sino que a menudo ella misma, se anticipa al pedido.
De
hecho, esta esperanza y ese poder sobrenatural animan el combate de esas Madres
de la Plaza de Mayo.